On peut atterrir à Casablanca avec toutes les bonnes intentions du monde, une valise bien rangée et même quelques notions d’arabe… et pourtant, se sentir complètement à côté de la plaque dans les interactions du quotidien.
Il y a les règles écrites, celles que vous trouvez sur les sites d’expat. Et puis il y a les codes. Les vrais. Ceux qu’on ne vous dit pas, mais que tout le monde applique. Ceux qui peuvent transformer une rencontre chaleureuse en moment gênant — ou l’inverse.
Voici ce que j’ai appris, parfois à mes dépens, parfois grâce à des amis qui ont pris le temps de m’expliquer ce qu’on ne dit pas toujours à voix haute.
La politesse casablancaise, version locale
“Salam alaykoum”, “Labas ?”,
“Tout va bien chez vous ?”, “Hamdoullah”.
Ce n’est pas juste de la courtoisie, c’est un enchaînement social incontournable. Si vous passez à côté de ça, vous paraissez distant. Ici, on commence par prendre des nouvelles, et seulement ensuite on parle boulot, même si vous êtes pressé.
Ajoutez aussi quelques gestes clés : poser la main sur le cœur en saluant, baisser légèrement la tête en signe de respect, et ne jamais tendre la main à une femme si vous n’êtes pas sûr qu’elle est d’accord pour la serrer.
Inchallah ne veut pas dire “non”, mais pas forcément “oui” non plus
C’est sans doute le mot qui déstabilise le plus les nouveaux arrivants. “Inchallah”, c’est la promesse floue. Une réponse respectueuse, polie, mais qui peut cacher un vrai non, un oui hésitant ou un simple “on verra”.
Avec le temps, on apprend à décoder le ton, le regard, la situation. Et surtout, on arrête de le prendre au pied de la lettre.
Au travail : entre hiérarchie et amitié
La relation professionnelle au Maroc est plus marquée qu’en Europe par le respect des titres, de l’âge, de la fonction. Mais Casa, c’est aussi une ville où tout peut aller très vite, où les barrières tombent facilement, surtout si vous êtes dans un secteur dynamique ou digital.
Un conseil : adaptez-vous à la personne. Certains préfèrent garder les formes, d’autres vous tutoieront après cinq minutes. Observez, ajustez. Et évitez de couper la parole ou d’aller droit au but sans une phase d’échange préalable.
L’invitation qui n’est pas toujours une vraie invitation : “Tu passes quand tu veux”, “Viens manger à la maison”. Ces formules sont souvent une marque de gentillesse, pas un rendez-vous ferme. Ne débarquez pas sans prévenir. Demandez toujours confirmation. Et si on vous invite vraiment, ne venez jamais les mains vides : fruits, pâtisseries, ou même du pain chaud, ça passe toujours bien.
Être à l’heure n’est pas une obsession ici.
Mais être présent, impliqué, souriant : ça, oui. Remercier chaleureusement, demander des nouvelles de la famille, prendre le temps de discuter — même cinq minutes —, c’est ce qui crée du lien.
Et dans les familles, les plus âgés passent toujours en premier. À table, dans les salutations, dans les conversations : c’est une marque de respect essentielle.
Tradition et modernité : jongler sans se trahir
Casablanca, c’est un mélange. On croise dans la même journée une grand-mère en djellaba qui bénit vos enfants, et une entrepreneuse qui gère trois start-ups depuis son coworking. Ici, tout le monde adapte ses codes, compose, observe.
Le vrai secret ? Ne pas arriver avec des jugements. Poser des questions. Écouter plus que parler. Et accepter que parfois, on ne comprendra pas tout. Du moins, pas tout de suite…
— mais c’est aussi ça, vivre à Casablanca…