Quand on pense à l’artisanat marocain, on imagine vite les ruelles de Fès, les souks de Marrakech, les tapis accrochés aux murs et les tanneurs à ciel ouvert. Casablanca, elle, a souvent l’étiquette de ville moderne, de business, de béton. Et pourtant… c’est ici que j’ai trouvé certains des objets les plus beaux, les plus fins, et surtout les plus utiles à mon quotidien.
Parce que oui, l’artisanat marocain, ce n’est pas qu’un souvenir pour touriste. C’est un art de vivre. Et à Casa, il est bien vivant — si on sait où regarder.
Les souks qui ne ressemblent pas à une carte postale
Les souks qui ne ressemblent pas à une carte postale
Je suis arrivée à Casablanca avec cette envie un peu floue d’acheter « un beau tapis », « de la vaisselle marocaine »… mais je ne savais pas où aller. Tout le monde parle de Derb Ghallef, mais je cherchais autre chose. Un vrai travail de la main, pas du plastique ou du faux artisanal produit à la chaîne.
C’est en me perdant du côté de Derb Sultan et de l’ancienne Médina que j’ai commencé à ouvrir les yeux. Ces quartiers n’ont rien de glamour, mais on y trouve encore des ateliers ouverts, des artisans qui travaillent devant vous : des ferronniers, des potiers, des couturiers. On m’a fait un plateau en laiton gravé sur commande pour une bouchée de pain. Pas besoin de carte bleue, juste de parler, d’observer, de prendre le temps.
Un conseil : allez-y le matin, en semaine. Vous verrez les artisans à l’œuvre, sans la pression du weekend.
La nouvelle vague : design marocain version Casa
Ce que je ne savais pas, c’est que Casablanca abrite aussi une nouvelle génération de créateurs. J’ai découvert des marques locales qui revisitent les savoir-faire marocains avec une esthétique épurée, contemporaine, parfois même scandinave dans l’esprit.
Dans le quartier de Gauthier ou à Bourgogne, plusieurs boutiques proposent une sélection pointue : céramiques modernisées, coussins brodés à la main dans des tons neutres, petits meubles en bois brut ou en métal travaillé.
Des endroits comme La Galerie H, L’Artisane, ou encore certains corners du Morocco Mall permettent de repérer des marques comme Zyne (babouches de luxe), Maison Sarayan, Chabi Chic, ou encore MyTindy, une plateforme en ligne qui vend uniquement des produits faits main au Maroc.
Ce n’est pas donné, mais on paie la qualité, le design, et le fait que ce soit produit ici.
Et franchement, c’est souvent moins cher que ce qu’on trouve dans les concept-stores de Paris ou Bruxelles.
Acheter bien, acheter juste
Je me suis parfois laissée avoir. Un tapis mal fini, des verres soufflés qui se fendent au bout de deux lavages… Mais à force, j’ai appris.
Voilà mes conseils pour éviter les mauvaises surprises :
- Toujours demander si c’est fait main ou produit en série (et ne pas hésiter à demander où)
- Préférer les coopératives ou les boutiques qui connaissent leurs artisans
- Fuir les boutiques “trop propres” qui vendent les mêmes objets en 10 exemplaires
- Poser des questions sur les matériaux (les vernis peuvent être toxiques, certaines peintures ne tiennent pas la chaleur…)
Et pour les vrais passionnés…
Il existe aussi des ateliers qui proposent des stages ou des initiations : poterie, zellige, broderie… L’occasion de mettre la main à la pâte, littéralement. J’en ai testé un à Dar Bouazza, dans un petit espace tenu par un couple franco-marocain. Trois heures de pur bonheur, un thé, du calme, et une assiette que j’ai décorée moi-même.
Ces ateliers ne sont pas toujours bien référencés, donc suivez The Casa Society sur Instagram ou LinkedIn : on y partage régulièrement les bons plans, les nouvelles adresses, et les artisans qu’on découvre au fil des semaines.
Ce que j’en retiens…
À Casablanca, l’artisanat ne saute pas aux yeux. Il faut aller le chercher, pousser des portes, quitter les grands boulevards. Mais il est bien là. Riche, inventif, enraciné dans une tradition qui ne demande qu’à être transmise.
Et surtout, il continue à évoluer. À chaque fois que je bois mon café dans ma tasse en terre cuite peinte à la main, je me dis que j’ai fait bien plus qu’un achat. J’ai soutenu un geste, un regard, un métier.
Et ça, à Casa, c’est tout sauf un détail.