Quand je suis arrivé à Casablanca, j’ai d’abord fait comme tout le monde : j’ai couru au supermarché climatisé. C’était facile, rapide, rassurant. Mais au bout de quelques semaines, j’ai vite senti un truc qui clochait. Les produits étaient souvent importés, les prix faisaient mal, et je ne retrouvais pas cette sensation de lien avec la ville.
Alors j’ai commencé à écouter les vrais Casaouis. Ceux “qui savent”. Ceux qui vous donnent une adresse à voix basse comme un secret bien gardé. Et j’ai redécouvert une autre manière de faire ses courses à Casa, plus locale, plus humaine… et souvent plus économique.
À Derb Sultan, j’ai trouvé l’un des meilleurs marchands d’épices que j’ai jamais croisés. Il pèse au gramme près, explique, fait sentir… et ses mélanges pour tajine sont imbattables. Du côté de Hay Mohammadi, on m’a recommandé un petit marché où les étals débordent de fruits et légumes de saison. Pas de mise en scène, mais une fraîcheur et des prix qui m’ont fait oublier Carrefour.
Derb Ghallef, lui, m’a complètement surpris. Je le voyais comme un temple du faux, bruyant et désorganisé. En fait, il suffit de creuser un peu. J’y ai trouvé un réparateur d’ordinateurs qui m’a sauvé un disque dur, un vendeur de matériel photo à prix imbattables, et même une petite échoppe de câbles audio de qualité. C’est un labyrinthe, oui, mais si vous aimez chercher et discuter, c’est un terrain de jeu inépuisable.
J’ai aussi découvert des marchés éphémères organisés le week-end dans certains quartiers comme Oasis ou Ain Diab. Ce sont souvent des écoles ou des cours d’immeubles qui accueillent, pour quelques heures, des producteurs locaux. Vous y trouvez des œufs bio, des légumes du jour, du miel de la région… et parfois un contact direct pour commander en direct la semaine suivante. On sort complètement du schéma habituel, et on se reconnecte à l’essentiel.
Même dans les quartiers plus huppés comme Gauthier ou Racine, il existe des boutiques discrètes qui travaillent main dans la main avec des artisans du Moyen Atlas ou du Rif. J’y ai vu du linge de maison en lin, des céramiques modernes, des savons naturels. Tout est marocain, mais sans folklore. C’est beau, utile, et souvent plus durable que les objets formatés qu’on trouve ailleurs.
Si vous voulez profiter pleinement de ces adresses, évitez les fins de journée. Entre 9 h et 11 h, les vendeurs sont plus disponibles, les produits tout juste sortis des cagettes, et les clients moins pressés. C’est à ce moment-là que les échanges sont les plus vrais. Ne cherchez pas toujours à marchander, mais demandez, observez, prenez le temps.
À Casablanca, faire ses courses peut devenir un moment de plaisir, presque une habitude de flâneur. Ce que j’ai compris, c’est qu’ici, on ne vient pas seulement pour acheter, mais pour discuter, comparer, goûter, parfois même rire avec le vendeur. Ce sont ces détails qui font toute la différence.
Alors si vous cherchez à mieux comprendre Casa, commencez par ses marchés. C’est là que la ville vous parle.
On y trouve des œufs bio, des légumes frais, du miel local. Et on repart souvent avec le numéro du producteur pour commander la prochaine fois par WhatsApp. C’est un autre rapport à l’alimentation… et aux gens.
Boutiques d’artisanat : l’élégance locale sans folklore
Si vous cherchez des objets faits main mais loin du cliché touristique, je vous recommande quelques adresses discrètes. J’ai eu un coup de cœur pour une boutique à Gauthier qui travaille avec des artisans du Moyen Atlas. Céramique contemporaine, linge de maison en lin, savons naturels. Rien de criard, tout est sobre et raffiné.
On est loin du souk aux lampes multicolores. Ici, le made in Morocco se décline en tons neutres, en lignes pures, et ça donne envie d’acheter utile et beau.
Mes astuces pour éviter la foule (et les arnaques)
Petit conseil d’ami : évitez les fins de journée, surtout avant les week-ends et les fêtes. Les marchés deviennent vite impraticables.
Le matin tôt, entre 9h et 11h, c’est le meilleur créneau. Les vendeurs sont encore détendus, les produits fraîchement installés, et vous pouvez prendre le temps de discuter, sentir, comparer.
Apprenez aussi à dire non avec le sourire. À Casablanca, on vous propose toujours mille choses de plus que ce que vous cherchez. C’est normal. Mais un “non merci” ferme et poli suffit à tracer votre route.
Ce que j’ai compris au fil des semaines, c’est que faire ses courses à Casablanca, c’est presque un art. Il ne s’agit pas seulement d’acheter des produits, mais de repérer les bons horaires, d’échanger deux mots avec le vendeur qui vous mettra le meilleur côté du fruit, d’attendre le bon jour pour avoir le pain frais encore chaud chez ce boulanger qui n’ouvre que trois fois par semaine…
Alors oui, ça demande un peu plus d’énergie qu’un passage en caisse rapide dans un supermarché climatisé. Mais franchement, on y gagne au goût, à la qualité, et souvent même au prix. Et surtout, on se reconnecte à la ville, à ses rythmes, à ses gens.
Je vous conseille de prendre un après-midi, de flâner dans un quartier que vous ne connaissez pas encore, de vous perdre un peu, de discuter, et peut-être que vous tomberez sur votre nouveau repère. Celui dont vous ne parlerez à personne… sauf à vos vrais amis.
Et si vous voulez continuer à dénicher ce genre de bonnes adresses tout au long de l’année, on vous partage tout ça sur notre compte Instagram et sur LinkedIn.