Quand on vit à l’étranger trop longtemps, les traditions finissent par devenir des souvenirs flous. Des odeurs de cuisine qui nous reviennent en hiver, des photos envoyées par la famille pendant l’Aïd, et ces petits manques qu’on tait parce qu’on n’a “pas le temps”.

Revenir vivre à Casablanca, c’est aussi se reconnecter à tout ça. Et je ne parle pas seulement des grandes fêtes officielles. Je parle de ce fil rouge qui rythme l’année, de ces petits rituels partagés qui, ici, prennent tout leur sens.

Si vous êtes un MRE comme moi, ou simplement curieux de mieux comprendre le tempo casablancais, voici un aperçu des temps forts qui jalonnent une année à Casa… pour ne plus passer à côté.

Janvier à mars : entre résolutions et premières dates clés

Ceux qui pensent que l’année commence “lentement” au Maroc n’ont pas encore goûté au mois de janvier à Casablanca. Certes, ce n’est pas la haute saison des festivités, mais tout redémarre vite : retour au travail, à l’école, et aux premières invitations autour d’un thé à la menthe bien chaud.

Mi-janvier, certaines familles célèbrent Yennayer, le Nouvel An amazigh. Ce n’était pas dans mes habitudes à l’étranger, mais ici, plusieurs amis m’ont invité à partager un couscous spécial ou une tagoula (sorte de galette de semoule). Une belle façon de renouer avec une autre facette de l’identité marocaine.

Février marque le retour des préparatifs discrets pour Ramadan. Les marchés commencent à proposer les ingrédients typiques des ftours et les premières discussions tournent déjà autour des recettes.

Avril à mai : Ramadan et ses mille rythmes

Ramadan à Casablanca, c’est une ville qui se transforme. Horaires décalés, ambiance suspendue, files d’attente à la boulangerie à 17h45, et surtout… cette odeur de harira à chaque coin de rue. Ce que j’avais oublié, c’est la puissance du silence juste avant le canon qui annonce le ftour. Et cette manière qu’a Casablanca de ralentir collectivement.

Côté pratique, mieux vaut s’organiser : horaires de travail aménagés, administrations qui ferment plus tôt, restaurants qui rouvrent seulement en soirée. Mais c’est aussi le mois où j’ai retrouvé ce que je croyais perdu : la solidarité, les ftours partagés, même entre voisins qu’on connaît à peine.

Ne manquez pas les ftours populaires organisés dans certaines associations ou cafés. On y découvre une autre façon de vivre le jeûne, plus conviviale, souvent très touchante.

Juin à août : Aïd, chaleur et festivals

L’Aïd el-Fitr clôture Ramadan dans un mélange de retrouvailles, de vêtements neufs et de gâteaux à profusion. Puis vient l’Aïd el-Kebir, ou Aïd al-Adha. C’est là que j’ai mesuré à quel point mes repères avaient changé. Depuis l’étranger, on envoie de l’argent. Ici, on voit les moutons dans les ruelles, les enfants impatients, les bouchers débordés. C’est toute une logistique… et un moment de vie collective assez unique.

Mais l’été à Casa, c’est aussi la saison des événements culturels. J’ai assisté au festival Jazzablanca, installé sur la place des Nations-Unies : musique en plein air, public varié, et cette sensation de redécouvrir la ville la nuit. Plus jeune, je n’y aurais pas prêté attention. Mais aujourd’hui, je savoure.

Septembre à novembre : entre rentrée et spiritualité

La rentrée, ici, a un autre goût. Elle coïncide souvent avec des fêtes religieuses ou des journées symboliques comme Achoura. J’ai redécouvert cette fête à travers mes neveux : tambours, bougies, jouets. J’en avais gardé une image très floue, et pourtant, elle reste bien vivante.

C’est aussi à cette période que l’on ressent un certain calme, propice à des célébrations plus discrètes : mariages, fêtes familiales, week-ends dans les terres ou au bord de mer. C’est là que j’ai compris que la tradition ne s’exprimait pas que dans les grandes dates. Elle est partout, dans les habitudes, dans la manière de recevoir, dans les gestes transmis.

Décembre : fêtes croisées et mixité culturelle

Décembre est un mois particulier à Casablanca. On y ressent à la fois l’ambiance de fin d’année à l’européenne (notamment dans certains quartiers ou centres commerciaux), et la continuité marocaine, plus spirituelle que commerciale. Noël est célébré par certains, ignoré par d’autres, mais toujours avec une certaine tolérance.

Si vous êtes expatrié ou que vous avez grandi ailleurs, c’est aussi le moment d’introduire vos propres traditions. J’ai décoré un sapin avec mes enfants, préparé une bûche maison, et invité mes voisins pour une soirée de fin d’année. Une forme de “fusion des cultures” qui a trouvé sa place sans heurt.

Quelques repères pour s’y retrouver

Les dates des fêtes religieuses varient d’une année à l’autre, car elles suivent le calendrier lunaire. Pour ne rien manquer, je vous conseille de suivre des comptes locaux sur Instagram ou LinkedIn. Nous partageons régulièrement un calendrier des événements, des astuces pratiques, et des idées de sorties adaptées aux saisons. Les grands festivals comme Jazzablanca, L’Boulevard ou le festival du film de Casablanca sont annoncés en ligne plusieurs semaines à l’avance. Anticipez, les places partent vite.

Si vous voulez vraiment vivre Casa à fond, essayez de participer à des moments simples : un couscous du vendredi, un ftour partagé, une fête de quartier.

C’est là que la magie opère…

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Co-fondatrice The Casa Society. Experte en communication. Marocaine résidente à l'étranger.

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