On parle souvent du Maroc comme d’un pays en développement, mais il suffit de passer quelques jours à Casablanca pour comprendre que sur le plan technologique, les choses avancent vite. Pas toujours de manière uniforme, ni avec les mêmes moyens qu’ailleurs, mais avec une énergie et une ambition bien réelles.
À Casablanca, vous avez des start-up qui développent des solutions pour la logistique, la santé ou l’éducation. Certaines visent clairement l’Afrique de l’Ouest comme marché, d’autres s’ancrent localement avec des services qui répondent aux besoins concrets des Casaouis. Le numérique devient un levier de croissance, mais aussi un outil d’adaptation.
Le quartier de Sidi Maarouf, souvent perçu comme une zone de bureaux un peu impersonnelle, abrite aujourd’hui plusieurs hubs technologiques, incubateurs et centres de formation. On y croise des jeunes développeurs, des freelances en marketing digital, des ingénieurs en cybersécurité, tous en quête d’opportunités. L’écosystème n’a pas encore la taille de celui de Nairobi ou du Caire, mais il est en construction, et surtout, il s’ancre dans la réalité marocaine.
L’administration publique a elle aussi accéléré sa transition numérique. À Casablanca, beaucoup de démarches sont désormais accessibles en ligne, du paiement des taxes locales à l’obtention de certains certificats. Ce n’est pas toujours fluide, il reste des lenteurs, mais le pas est franchi : on ne revient plus en arrière.
Ce qui frappe surtout, c’est la manière dont les Casaouis utilisent la technologie au quotidien. WhatsApp est devenu un outil de travail à part entière. On y passe des commandes, on y fixe des rendez-vous, on y gère même des groupes de copropriété. Les plateformes de livraison, les services de VTC ou les réseaux sociaux jouent un rôle central dans la vie urbaine. Le digital s’intègre aux habitudes, sans forcément passer par des grandes plateformes internationales.
La formation est un enjeu clé. Des écoles spécialisées, publiques ou privées, forment des milliers de jeunes chaque année. Le défi, c’est d’aligner cette formation avec les besoins réels du marché.
À Casablanca, certaines entreprises technologiques peinent à recruter localement sur des profils très spécialisés, mais beaucoup préfèrent miser sur des profils en cours de montée en compétence.
La technologie à Casablanca ne se limite pas aux start-up ou aux bureaux modernes. Elle passe aussi par les réseaux de commerçants qui s’organisent via des groupes Facebook, les artisans qui vendent sur Instagram, ou les familles qui suivent les cours en ligne du CNED. Elle est présente partout, mais pas toujours de la même façon.
Casablanca est une ville d’expérimentation, d’adaptation rapide. La technologie y avance avec les moyens du bord, avec une forme d’inventivité propre aux contextes où rien n’est totalement acquis. Et c’est aussi ce qui fait son intérêt. Si vous vous y installez, gardez les yeux ouverts : il y a autant à apprendre qu’à créer.